Un nouvel observatoire dévoile de stupéfiantes images de l'espace

Les toutes premières images prises par le nouvel observatoire Vera C. Rubin ont été dévoilées cette semaine. Les résultats sont à couper le souffle.

L'observatoire astronomique est doté de la plus grande caméra numérique sur Terre, capable de capturer des images de 3,2 gigapixels. Celle-ci pointe vers les profondeurs de l’espace depuis un sommet isolé au Chili. Voici quelques photos.

NSF-DOE Rubin Virgo cluster 1

Une petite section de l’amas de la Vierge, photographiée par l’observatoire Vera C. Rubin. À droite du centre, on peut voir une immense galaxie elliptique, NGC 4261, entourée de plusieurs autres galaxies de l’amas à l’arrière-plan, ainsi que de milliers d’étoiles de la Voie lactée. Cette image ne représente qu’une infime portion de la vue totale de l’amas par l’observatoire. (RubinObs/NOIRLab/SLAC/NSF/DOE/AURA)

NSF-DOE Rubin Virgo cluster 2

Une autre petite portion de la vue de l’amas de la Vierge par l’observatoire Rubin. Deux galaxies spirales proéminentes sont visibles (en bas à droite), ainsi que trois galaxies en fusion (en haut à droite), plusieurs groupes de galaxies lointaines, de nombreuses étoiles de la Voie lactée et bien plus encore. (RubinObs/NOIRLab/SLAC/NSF/DOE/AURA)

NSF-DOE Rubin Trifid and Lagoon Nebulas

678 images distinctes prises par l’observatoire Rubin en un peu plus de sept heures ont été combinées pour produire cette vue des nébuleuses Trifide et de la Lagune. Cette combinaison permet de révéler clairement des détails normalement invisibles, comme les nuages de gaz et de poussière qui composent ces nébuleuses, situées à plusieurs milliers d’années-lumière de la Terre. (RubinObs/NOIRLab/SLAC/NSF/DOE/AURA)

Qu’y-a-t-il de si spécial à propos de cet observatoire?

On a déjà vu des images similaires capturées par d’autres télescopes. Des astrophotographes passent des nuits entières à cibler des objets célestes, capturant la moindre parcelle de lumière pour ensuite combiner leurs clichés en de magnifiques vues du cosmos.

Ce qui rend ces images-ci remarquables, c’est que l’observatoire Rubin n’a eu besoin que de dix heures d’observation pour les produire. Et ce ne sont que des images de test! L’observatoire ne doit débuter sa mission principale que plus tard cette année.

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Une vue de l’observatoire Rubin, situé au Chili, sous la bande scintillante de la Voie lactée. (RubinObs/NOIRLab/SLAC/NSF/DOE/AURA/H. Stockebrand)

Nommé en l’honneur de la Dre Vera C. Rubin, l’astronome américaine qui a fourni les preuves décisives de l’existence de la matière noire, l’observatoire se trouve au sommet du cerro Pachón, une montagne de 2682 m d’altitude située à plus de 500 km au nord de Santiago, au Chili. L’air sec de la région en fait l’un des meilleurs endroits au monde pour observer l’univers.

L’observatoire Rubin tire parti de ces conditions idéales pour pointer la plus grande caméra numérique au monde vers le ciel nocturne. Chaque image capturée par le LSST (Large Synoptic Survey Telescope, en français « grand télescope d’étude synoptique ») couvre une portion du ciel équivalente à 45 pleines lunes.

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Grâce à un champ de vision aussi vaste, il suffit à la caméra de trois à quatre nuits pour balayer l’ensemble du ciel de l’hémisphère sud. Elle peut ensuite recommencer, à la recherche de tout changement ou objet nouvellement apparu. Cette capacité fera de l’observatoire Rubin un outil sans égal pour découvrir des supernovas, des étoiles variables ou encore des objets de notre système solaire comme des comètes et des astéroïdes.

« Nous allons observer l’univers d’une manière qui n’a jamais été faite auparavant et cette exploration va certainement nous faire découvrir des choses que nous n’aurions jamais imaginées », a affirmé l'astrophysicienne et professeure Hiranya Peiris de l’Université de Cambridge. Elle fait partie du groupe de scientifiques qui analyseront les images recueillies par l’Observatoire Rubin.

Un chasseur d’astéroïdes

Pendant la brève période où ces premières images de test ont été capturées, l’observatoire Rubin a aussi scruté en profondeur une petite section de notre système solaire.

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En seulement sept nuits, le télescope a détecté près de 4000 astéroïdes dans cette fine tranche de ciel. Parmi eux, 2104 étaient inconnus, dont 7 astéroïdes géocroiseurs (dont l’orbite les amène à proximité de l’orbite terrestre), 11 troyens de Jupiter (sur la même orbite que Jupiter) et 9 objets transneptuniens (dont l’orbite est pour la majeure partie ou entièrement au-delà de celle de Neptune).

Une fois la mission principale lancée, l’observatoire devrait, dès la première année, découvrir plus d’astéroïdes que tous les autres télescopes du monde jusqu’à présent. Ces découvertes pourraient se chiffrer en millions d’objets célestes au cours des dix prochaines années, dont jusqu’à 100 000 objets géocroiseurs.

Cela permettrait non seulement de mieux évaluer la population réelle d’astéroïdes dans notre système solaire, mais aussi de détecter ceux qui pourraient représenter une menace pour la Terre.

En repérant des objets lointains au-delà de l’orbite de Neptune — les objets transneptuniens et ceux de la ceinture de Kuiper — l’observatoire Rubin pourrait aussi dresser un portrait plus complet de la région externe de notre système solaire. Il pourrait même découvrir s’il existe une planète encore inconnue au-delà de Pluton.

Une fois complétée, la première mission de l’observatoire Rubin devrait avoir accumulé des images représentant 500 pétaoctets de données, soit l’équivalent du stockage d’un demi-million de films hollywoodiens en 4K.

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