Aperçu de l'été 2025 : un puissant dôme de chaleur et un risque pour le Québec
L’été météorologique entre officiellement en poste le 1er juin et deux phénomènes seront déterminants. Voici à quoi s’attendre pour la saison estivale.
En bref :
Des températures et des précipitations au-dessus de la normale;
Un été sous le signe des orages;
Un risque à ne pas négliger.
Les experts de MétéoMédia prévoient un été relativement chaud, marqué par de généreuses précipitations et des orages fréquents pour le Québec. Deux phénomènes sont en cause.
Départ lent
La semaine dernière a testé la patience de bon nombre de Québécoises et Québécois aux quatre coins de la province : par endroits, les températures ont été jusqu’à 5 °C sous la normale durant cinq jours, entre autres à Gatineau. Ce n’est pas fini : la chaleur estivale se fera désirer durant encore quelques semaines. Le début de l’été sera donc retardé en raison de descentes d’air frais, ce qui donnera l’impression d’une saison estivale plus courte. Rappelons que les maximums de 24 °C commencent normalement à la mi-juin dans le sud et le centre du Québec.
Le joueur dominant de l’été
Les prochains mois seront marqués par la présence d’un impressionnant dôme de chaleur au centre du continent. Or, il ne sera pas situé sur le Québec, mais bien au-dessus des États centraux et des provinces canadiennes centrales. Les régions du sud des Prairies canadiennes feront partie de celles qui seront le plus affectées par la chaleur. Cependant, une incertitude persiste : certains modèles placent le dôme un peu plus à l’ouest, près des Rocheuses.
Ainsi, l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba seront en proie à des températures nettement supérieures à la normale. On parle d’un été caniculaire par endroits, notamment au sein des régions du sud des Prairies. Dans tous les cas, la chaleur débordera jusqu’au Québec de temps à autre et le dôme aura des conséquences jusque chez nous. Les maximums durant le jour tourneront autour des normales dans la Belle Province, voire au-dessus, mais ce n’est pas ce qui retient le plus l’attention : les nuits seront douces et humides, ce qui fera gonfler la température moyenne.
« La chaleur sera présente partout au Québec et l’humidité pourrait produire beaucoup de journées avec de bons facteurs humidex et potentiellement de l’inconfort. », affirme Patrick Duplessis, météorologue.
Il ne vient pas seul
Le dôme de chaleur n’est pas le seul élément qui viendra jouer les trouble-fêtes : il sera accompagné d'un phénomène particulier, une « ceinture de feu », plus précisément. Cette dernière entoure le dôme. Cette zone devient instable puisque les températures y sont plus clémentes et c’est le contraste des masses d’air qui cause cette instabilité. Même si le dôme ne sera pas directement au-dessus du Québec, ses effets se feront ressentir : l’instabilité de la « ceinture de feu » produira de fréquents épisodes orageux jusque dans l’est du pays, incluant le Québec.
Une sorte de jeu de masses d’air, comme l’explique André Monette, météorologue : « Le Québec va vaciller entre les crêtes et les creux. C’est le changement entre chaleur et temps plus clément qui va créer des orages. Dans un contexte de crête atmosphérique, il peut faire beau durant quelques jours, avant l’arrivée du creux qui peut produire du temps violent. » En moyenne, la province connaît 17 jours avec des orages violents par été, une valeur qui sera inférieure aux pronostics pour la saison à venir. Toutefois, le nombre habituel de vagues de chaleur, soit quatre au total, sera respecté. La province aura donc droit à des canicules, sans pour autant parler d’un été caniculaire comme dans les Prairies.
Pluie et orages au menu
Ce n’est probablement pas ce que vous auriez souhaité: les précipitations seront supérieures à la normale dans plusieurs régions du Québec, notamment dans le sud, l’est et le nord-ouest de la province. Les régions au sein du couloir reliant le Pontiac et Sept-Îles seront les plus arrosées. Néanmoins, il ne faut pas paniquer : on ne parle pas de quantités de pluie astronomiques telles qu’observées en 2024, mais elles seront tout de même au-dessus de la moyenne. Ce sera un été bien humide au Québec et les épisodes orageux seront généreux en termes de quantités de pluie, une gracieuseté du temps convectif généré par le dôme et sa « ceinture de feu ». Ailleurs dans la province, les quantités seront dans la normale.
Bon à savoir : En 2024, Montréal a reçu 180 % de ses accumulations de pluie habituelles durant l’été, un record. Le 9 août, les vestiges de Debby ont déposé 154 mm. La métropole n’avait alors jamais reçu autant de pluie en une seule journée.
Ce n’est pas tout, un autre facteur est en cause. La saison des ouragans dans l’Atlantique aura des conséquences jusqu’au Québec. Rappelons que selon les experts de la NOAA, on peut s’attendre à une saison active des ouragans cette année. L’absence d’El Niño, la température des eaux plus chaudes que la normale et l’anticipation d’une forte activité de mousson en Afrique de l’Ouest seront en cause. Le Québec ne sera pas à l’abri des soubresauts des restes de tempêtes tropicales qui déversent d’importantes quantités de pluie sur leur passage. Il est difficile d’oublier les vestiges de Beryl et Debby de l’an dernier.
Un risque omniprésent
Le dôme de chaleur et la « ceinture de feu » viennent avec un risque important d’incendies : par endroits, le temps sec occasionné par le dôme contribue au risque de feux de forêt, entre autres dans les régions au nord du Manitoba et de l’Ontario qui font partie de la zone instable créée par la « ceinture de feu ». Même si le risque est plus faible au Québec, la fumée peut vraisemblablement faire son chemin jusqu’à nous et compromettre la qualité de l’air. Rappelons qu’il ne suffit que d’un épisode orageux pour déclencher une série d'incendies.
En collaboration avec André Monette, Patrick Duplessis et Réjean Ouimet, météorologues.