Transportée sur plus de 7000 km : la fumée canadienne afflige l’Europe

Les feux qui ravagent l’Ouest canadien se font sentir jusque sur le Vieux Continent.

De vastes nuages de fumée issus des incendies de forêt dans les Prairies, plusieurs non maîtrisés, ont traversé l’Atlantique pour venir assombrir le ciel d’une partie de l’Europe, notamment en France, en Espagne et jusqu’en Grèce, des milliers de kilomètres plus loin.

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Le phénomène, détecté et suivi par le programme européen Copernicus, illustre l’ampleur exceptionnelle des feux de forêt déjà actifs en ce début d’été boréal.

Une fumée globe-trotteuse

Depuis la mi-mai, les Prairies connaissent une saison de feux de forêt particulièrement intense. En l’espace de quelques semaines, des panaches de fumée ont été propulsés dans la haute atmosphère, voyageant sur le dos d’un courant-jet sur des milliers de kilomètres pour atteindre l’Europe.

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Selon le service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus (CAMS), deux grands nuages de fumée ont été repérés. Un premier, plus petit, a traversé l’océan Atlantique les 18 et 19 mai, touchant notamment la Grèce et l’est du bassin méditerranéen.

Le deuxième panache de fumée, beaucoup plus massif, est arrivé dans l’ouest et le nord de l’Europe autour du 1er juin et il devrait faire sentir sa présence encore davantage dans les jours suivants.

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Des effets visibles dans le ciel, mais limités au sol

Selon les spécialistes du CAMS, cette fumée ne représente pas de danger immédiat pour la qualité de l’air au sol, les particules polluantes demeurant pour la plupart en altitude. Les effets visibles incluent des ciels plus laiteux et des couchers de soleil rougeoyants ou orangés sur les régions touchées.

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« Nos données montrent que le centre du Canada a connu quelques semaines particulièrement intenses en termes de feux de forêt, explique Mark Parrington, scientifique principal au CAMS. Ces données, et le fait que la fumée soit visible en Europe reflètent l’ampleur de ces incendies et des effets qu’ils ont au Manitoba et en Saskatchewan. »

Le Québec épargné… jusqu’à maintenant

Cette fumée n’avait pas encore fait son chemin jusqu’ici grâce à un creux atmosphérique (masse d’air froid) qui a fait du sur place sur le Québec toute la fin de semaine. Celui-ci a constitué une sorte de dôme qui a protégé la province.

Comme le signale la remontée des températures, ce creux du week-end dernier se déplace, et il ne nous protégera plus dorénavant. Les vents soufflant du sud-ouest amènent la fumée qui devait être perceptible surtout en altitude avec un ciel voilé. C'était déjà le cas mardi, alors que le soleil a pris une teinte rougeâtre en fin de journée.

Une tendance alarmante

2025 s’inscrit dans la continuité des années précédentes : les saisons des feux de forêt de 2023 et 2024 ont été parmi les plus destructrices jamais enregistrées au Canada.

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Avec plus de 17 millions d’hectares brûlés, l’année 2023 a été la pire saison de feux de forêt enregistrée dans l’histoire du pays. Cette superficie représente environ sept fois la moyenne annuelle des 20 dernières années, selon le World Resources Institute, un organisme international de recherche.

Bien que moins extrême que l’année précédente, 2024 a tout de même vu plus de 5 millions d’hectares partir en fumée, ce qui en fait l’une des six pires saisons des 50 dernières années.

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Ces deux années consécutives de feux exceptionnels sont la démonstration d’une tendance inquiétante liée aux conditions climatiques changeantes. Avec des températures plus élevées et des périodes de sécheresse prolongées, le nombre et la gravité des incendies augmentent considérablement.

Le Canada est, année après année, l’un des plus grands émetteurs de fumée de feux de forêt à l’échelle mondiale, avec des conséquences qui dépassent largement ses frontières.

Avec la collaboration de Bertin Ossonon, météorologue

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